Présentation

La bataille du « mariage pour tous » vient de nous en offrir l’exemple : de rapides et profondes évolutions sociétales sont en cours, dont la codification juridique est loin d’épuiser la signification. D’où le trouble qu’elles suscitent dans les esprits et la nécessité de les interroger plus en profondeur afin d’en éclairer les enjeux.

Actualité oblige, c’est justement par ce problème brûlant que nous commençons, en publiant deux points de vue opposés. Monette Vacquin et Jean-Pierre Winter dégagent, en psychanalystes, les implications du bouleversement des repères de la parenté qui leur paraissent justifier l’opposition à une réforme aveugle à ses conséquences. Philippe Ratte propose une clarification de la nouvelle idée de la famille amenée par l’évolution des mœurs et où le mariage de personnes de même sexe trouve sa place.

Il est manifeste que les changements de la condition féminine depuis une cinquantaine d’années représentent l’une de ces transformations fondamentales que l’on ne saurait réduire aux avancées juridiques de l’égalité. Elle engage l’identité des personnes. Camille Froidevaux-Metterie analyse ce travail de redéfinition du féminin. Mais le même mouvement emporte des conséquences sur les mœurs. Il relance notamment le débat sur l’abolition de la prostitution. Il en fait un dilemme entre le refus de l’atteinte à la dignité humaine que représente la vente de son propre corps et le droit de chacun d’en disposer comme il l’entend. Sylviane Agacinski plaide la nécessité d’échapper à cette fausse alternative.

L’individualisation contemporaine a un prix, qui est la solitude de l’individu libéré de la tutelle sociale. Sébastien Dupont en explore les multiples facettes.

De la même façon, les progrès techniques de la médecine n’ont pas qu’une face brillante. Ils comportent aussi un revers, qui est d’assurer la survie d’êtres profondément diminués. Anne-Laure Boch expose, en praticienne, les dilemmes éthiques soulevés par cette production du handicap.

On sait le rôle de révélateur des valeurs sociales que joue le sport dans notre univers. Le Débat lui a consacré beaucoup de place à ce titre. Que représente dans ces conditions l’émergence d’un sport extrême comme le « combat libre », où la compétition codifiée retourne vers l’affrontement sans règles ? Thierry Blin en déchiffre la signification.