Présentation

La crise qui se prolonge actuellement en Europe nous emmène devant une question radicale : et si, au lieu d’attendre le retour de la croissance, il fallait s’accommoder de sa disparition ? Ce serait un bouleversement majeur, tellement elle a été l’objectif autour duquel s’est organisée la vie politique de nos sociétés. Jérôme Batout et Emmanuel Constantin passent en revue les facteurs qui rendent l’hypothèse plausible et envisagent ses conséquences. L’« État stationnaire » entrevu par quelques auteurs du xixe siècle est à nos portes. Il l’est d’autant plus que les impératifs écologiques en font un horizon souhaitable. C’est en ce sens que l’idée est reprise et développée par des théoriciens d’aujourd’hui. Camille Dejardin fait le point sur cette réflexion.

Les analyses du mur écologique auquel se heurte l’expansion économique ont beaucoup insisté sur la finitude des ressources naturelles. Mais le problème le plus pressant pourrait bien être ailleurs, fait ressortir Pierre–Noël Giraud. Les vraies limites sont d’abord celles des poubelles biologiques indispensables pour absorber nos déchets.

Un mot d’ordre s’est imposé face à ces urgences, celui de « transition énergétique ». Il a surtout donné lieu jusqu’à présent, hélas, à beaucoup de démagogie sur ses moyens et à une confusion noire dans sa mise en pratique. Claude Mandil montre l’incohérence des politiques conduites en Europe en son nom. René Iffly dresse un bilan réaliste des résultats obtenus et du chemin qui reste à parcourir.