Dossier : Le pessimisme français


La France broie du noir. Un récent sondage indique que 64 % des Français sont pessimistes sur la situation économique du pays. Jamais l’image de la politique et des politiques n’a été aussi négative. L’inquiétude devant l’avenir domine. Ce climat de dépression collective n’est pas sans quelque mystère, puisqu’il est en décalage par rapport à des indicateurs objectifs qui appellent une appréciation plus nuancée, quelle que soit la manière dont on les interprète. Il n’empêche qu’il est là, qu’il est solidement installé dans les têtes et qu’il représente la donnée primordiale en fonction de laquelle va se dérouler l’élection présidentielle de 2007. Illusoire ou correspondant à une réalité, ce sentiment d’inquiétude et d’impuissance est la clé de la situation politique française du moment. C’est de lui qu’il faut partir, c’est par lui qu’il faut commencer.

Comment cette démoralisation s’est-elle insinuée ? À quelles sources s’alimente-t-elle ? Revenant sur les événements de l’année écoulée, Marcel Gauchet et René Rémond examinent la façon dont ils ont pu contribuer au marasme général, en les replaçant dans la perspective des différentes familles politiques.

Michel Winock élargit l’enquête au quinquennat. Il retrace les déconvenues, les crises et les perplexités grandissantes qui se sont accumulées depuis 2002.

Les racines du mal pourraient être plus anciennes encore, suggère Jean d’Ormesson. Elles sont à relier à un processus de dégradation de l’image du pouvoir, soutient-il, qui remonte au moins au règne de François Mitterrand. Il en analyse les composantes et les étapes.

Mais il n’y a pas que la politique. Dans un pays où l’histoire joue un rôle si fondamental dans l’identité collective, on ne saurait sous-estimer la portée des remises en question qui découlent du nouveau régime de la mémoire. Pierre Nora montre en quoi celles-ci affectent la relation des Français à leur passé.

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