DOSSIER : L'Irak, l'islam et l'Occident

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Nous découvrons chaque jour un peu plus, au contact de l’actualité du Moyen-Orient, l’étendue de nos ignorances.

Que savions-nous de l’Irak ? La première guerre du Golfe n’avait pas suffi à mobiliser les curiosités. Il a fallu l’occupation américaine pour que nous mesurions les lacunes béantes de notre information. Pierre-Jean Luizard replace la situation actuelle dans une perspective historique. Ses incertitudes et ses difficultés, montre-t-il, ne se comprennent bien que si l’on resitue le « second mandat » dans la suite du premier, celui exercé par les Britanniques dans les années 1920. Nous n’en avons toujours pas fini avec la colonisation et la décolonisation.

La discussion fait rage à propos du « choc des civilisations » et de la compatibilité de l’Islam avec la modernité. Sans doute ces disputes laissent-elles échapper l’essentiel à raisonner trop globalement. Elles ne permettent pas d’identifier les véritables lignes de fracture. Celles-ci demandent des analyses autrement plus fines. C’est ce que Ronald F. Inglehart et Pippa Norris mettent en évidence à partir des données de l’enquête mondiale sur les valeurs. Le clivage décisif, font-ils apparaître, pourrait bien se jouer autour de la condition féminine.

Pourquoi les Arabes seraient-ils incapables de démocratie ? plaident les partisans de l’intervention américaine. Argument fort, mais qui est loin d’épuiser la question. Si aucune essence ou race ne joue de rôle ici, en effet, l’histoire a son mot à dire. La démocratie, on ne le voit que trop, ne s’implante pas à volonté. Mais quelles sont, au juste, les conditions pour qu’elle prenne racine ? Adam Garfinkle essaie de les cerner par défaut au regard de la tradition des sociétés arabo-musulmanes.

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