DOSSIER : Une vision du monde ?

Présentation

Les médias ne sont pas doctrinaires, en leur état actuel, ils sont les enfants de « la fin des idéologies », ils sont pluralistes et consensuels, mais cela ne veut pas dire qu’ils sont sans idéologie aucune, qu’ils ne diffusent pas une vision du monde, qu’ils ne sécrètent pas une grille de lecture de la réalité, d’autant plus prégnante qu’elle est en grande partie inconsciente : telle est la ligne générale d’analyse sur laquelle s’accordent les quatre réflexions réunies ici. Encore reste-t-il, une fois identifiée la démarche adéquate, à déterminer les contours et la teneur de cette idéologie qui ne veut pas en être une.

C’est la logique du traitement à laquelle l’actualité est soumise qu’il faut considérer, propose Élisabeth Lévy. Elle dissout le journalisme dans un parti du bien en face duquel le réel se volatilise à son tour.

Jean-Claude Guillebaud incrimine, lui aussi, l’auto-référence constitutive du domaine médiatique. Que subsiste-t-il de l’intérêt pour le monde dans cette pulvérisation chaotique qui se satisfait de son propre écho ?

En reprenant les événements qui ont fait date dans l’actualité récente, Eric Aeschimann met en lumière l’axe uniforme qui a présidé à leur orchestration médiatique. S’il y a un langage fédérateur qui tient lieu de compréhension universelle, montre-t-il, c’est celui de la morale.

Le facteur le plus crucial réside dans l’idée que les journalistes se font de leur tâche, plaide enfin Gérard Spitéri. Il fait ressortir les dévoiements auxquels l’aspiration à un rôle prétendument « citoyen » a conduit les quotidiens nationaux, dévoiements qui ne sont pas étrangers aux difficultés qui les affectent.

Nous joignons au dossier un entretien avec David Pujadas sur les contraintes et les dérives de l’information télévisée.

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