DOSSIER : L'Islam, l'Europe, la démocratie

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Il y a désormais deux islams : l’islam des pays musulmans et l’islam transplanté en terre d’Europe par d’importantes populations immigrées. Situation inédite, grosse d’incertitudes que scrutent chacun à leur manière Abdelwahad Meddeb et Bernard Lewis. Par rapport à la « maladie de l’islam » qu’il a diagnostiquée de longue date, Abdelwahad Meddeb souligne la chance que l’Europe représente pour son avenir. Mettant les données actuelles en perspective historique, Bernard Lewis fait ressortir le défi qu’elles constituent pour les sociétés européennes.

Reste le problème lancinant posé par l’apparent blocage des sociétés musulmanes et les dérives fondamentalistes qu’il encourage. Jusqu’à quel point est-ce à l’islam qu’il convient d’imputer cette propension à l’extrémisme religieux ? Élie Barnavi propose, dans Les Religions meurtrières (Paris, Flammarion, nouvelle édition, « Champs actuel », 2008), une série de thèses particulièrement nettes à ce sujet, qui se prêtaient par là même à la discussion. Rémi Brague, Marcel Gauchet et Antoine Sfeir lui donnent la réplique.

Voici peu encore, la plupart des approches de ce problème étaient colorées par une confiance au moins implicite dans l’avancée irrésistible, à terme, de la démocratie et du développement. Les évolutions en cours obligent à en revenir. Zaki Laïdi montre comment la vague de démocratisation qui court depuis une trentaine d’années touche probablement à ses limites. Il pourrait en aller de même du développement. Mieux nous parvenons à en cerner les ressorts, explique Robert Cooper, mieux nous mesurons combien peu il est automatique.

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