Présentation

Les avancées récentes de la connaissance, en particulier dans le domaine des sciences cognitives, ont remis à l’ordre du jour une vieille question: quel est le propre de l’homme ? Ou, pour le formuler autrement, y a-t-il vraiment une exception humaine, comme une longue tradition philosophique s’est employée à l’établir ? Cette thèse n’étaitelle pas avant tout le fruit de nos ignorances ? Ne demande-t-elle pas à être révisée radicalement à la lumière des acquisitions du savoir sur le fonctionnement de l’esprit ? Tel est justement le programme que défend Jean-Marie Schaeffer dans son dernier livre, La Fin de l’exception humaine (Paris, Gallimard, 2007). Il y soutient que nous en savons assez, désormais, pour remettre en question le privilège traditionnellement reconnu aux facultés intellectuelles de l’homme. L’enjeu du problème, dont le caractère crucial pour l’ensemble des sciences humaines n’a pas besoin d’être souligné, nous a paru appeler une discussion de fond. Nous remercions Pascal Engel, Jean-Luc Marion et Jean-Claude Quentel d’avoir bien voulu nous apporter leur éclairage, et Jean-Louis Schaeffer de s’être prêté à cet échange.

Nous joignons au dossier un article de Lionel Naccache qui prend le même problème sous un autre angle, en examinant les résistances que soulèvent les progrès de la connaissance positive des mécanismes de l’esprit. Est-il fondé d’y voir une atteinte à l’humanité de l’homme ?