DOSSIER : Afrique : au-delà du pessimisme

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« L’Afrique noire est mal partie » : qui ne se souvient du titre de l’ouvrage de René Dumont ? Il a longtemps fait figure de diagnostic prophétique. Et puis la tendance a fini par s’inverser. Les signes encourageants se sont multipliés au cours de ces dernières années. La croissance est là. La page de l’« afro-pessimisme » paraît en passe d’être tournée.

Quand, comment, pourquoi le revirement s’est-il produit ? Lionel Zinsou examine, à la lumière de sa double expérience de Béninois de l’extérieur et de banquier, les facteurs qui ont présidé au renversement de conjoncture. Il met en lumière les voies originales qu’emprunte ce développement que l’on n’attendait plus.

À la faveur de cette longue phase de non-développement, les explications s’étaient accumulées pour tenter de rendre compte de cette mystérieuse « exception africaine ». Olivier Ray et Jean-Michel Severino montrent comment le décollage actuel les dément les unes après les autres.

Jean-Christophe Rufin mesure le chemin parcouru par l’Afrique francophone, cinquante ans après les indépendances. Il fait également ressortir le chemin qui reste à parcourir, compte tenu des contradictions qui attendent d’être surmontées.

Cela dit, en dépit de ces promesses économiques, la situation politique reste pour le moins contrastée. L’ère des tragédies n’est pas close. L’ombre portée du génocide rwandais continue ainsi de peser lourdement sur la région. Hervé Deguine et Stephen Smith reviennent sur l’instrumentalisation de sa mémoire par le régime Kagamé, à propos du récent voyage du président français au Rwanda. Hubert Védrine livre son point de vue sur l’interprétation que Pierre Péan vient de donner de ces conflits qui durent dans un livre important dont le titre se passe de commentaires : Carnages (Fayard, 2010). L’Afrique attend encore d’être délivrée, après la fin de la guerre froide, du jeu des grandes puissances auquel elle est en proie.

Ce sera la tâche d’une nouvelle génération de responsables, explique Achille Mbembe. Les errements du passé et leurs prolongements dans le présent ne sont pas une fatalité. Les conditions sont réunies pour une prise en main de son destin par le continent, qui sera d’abord peut-être culturelle.

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