Présentation |
Les banlieues, qui l’ignore, sont l’écharde dans la chair de la société française, l’un de ses problèmes les plus douloureux et les plus difficiles, mêlant misère sociale et malaise identitaire, du fait de la présence d’une nombreuse population immigrée. Vingt- cinq ans après Les Banlieues de l’islam (1987), Gilles Kepel a repris son bâton d’explorateur, en portant son attention sur le département, la Seine-Saint-Denis, qui concentre au plus haut degré les difficultés liées tout à la fois à la désindustrialisation, à l’effondrement de la culture ouvrière, à la présence musulmane et à l’intégration. Il publie simultanément deux livres, une enquête intitulée Banlieue de la République. Société, politique et religion à Clichy-sous-Bois et Montfermeil, et un essai, Quatre-vingt-treize (tous deux chez Gallimard, 2012), reprenant dans une perspective plus large la question de la place de l’islam en France. Nous nous devions de saisir l’occasion que représente cet effort exemplaire pour substituer un discours informé aux fantasmes confus que le sujet suscite à plaisir. Nous remercions Hugues Lagrange, Dominique Schnapper et Malika Sorel-Sutter d’avoir bien voulu nous livrer leur point de vue, et Gilles Kepel de s’être prêté à cet échange.
