Présentation

La flambée politique de mai 1968 a rejeté dans l’ombre l’un des caractères les plus étonnants des années qui l’ont précédée: la passion des idées, le goût débridé de la théorie qui les animait, la frénésie avant-gardiste dans les lettres et les arts dont elles ont été le théâtre. C’est ce climat que visent à restituer les textes réunis ici.

Antoine Compagnon a consacré un séminaire au Collège de France à l’année 1966, l’année la plus typique et la plus féconde à ses yeux de ce moment intellectuel, dont il va tirer un livre. Il a bien voulu nous confier un extrait de ce travail en cours qui justifie le choix de cette date critique. Nous avons saisi l’occasion d’y joindre une série de témoignages qui illustrent quelques-unes des expériences les plus saillantes de ces années intenses.

Philippe Sollers revient sur les origines de Tel Quel, la revue d’avant-garde par excellence d’alors. Charles Melman relate la formation de l’école lacanienne dans le contexte de la grande percée publique de la psychanalyse. Pierre Daix évoque les rapports épineux entre le parti communiste et les intellectuels.

Grand connaisseur de la période, François Dosse dresse un tableau de cette ultime incandescence des avant-gardes.