Présentation

Nous vivons une de ces périodes de changement rapide où le surgissement des problèmes va plus vite que nos capacités politiques d’y répondre. Les développements de la technique, les transformations de la société et les évolutions de la politique font surgir sans cesse des questions dont la nouveauté nous laisse désarmés, avec la confusion et le sentiment d’impuissance qui ne manquent pas d’en résulter. C’est ce qui nous semble justifier plus que jamais le travail de déchiffrement et d’analyse d’une revue comme Le Débat. Les articles réunis ici en sont l’exemple.

Au-delà des agences de notation financière dont le rôle a défrayé la chronique, les pratiques de notation se sont répandues comme une traînée de poudre ; elles ont envahi les domaines les plus divers. À quelle logique cette diffusion répond-elle ' Daniel Gouadain examine les raisons et les effets de cette vogue.

Cinq ans de crise et des dénonciations répétées de l’irréalité de la doctrine néolibérale n’ont pas suffi à faire émerger une alternative crédible en matière de fonctionnement de l’économie. Comment expliquer l’emprise de conceptions aussi manifestement défaillantes ' Mais savons-nous vraiment ce qu’est le néo-libéralisme ' Jérémy Perrin propose une reconsidération de sa nature.

L’évacuation délibérée du peuple au nom de principes posés comme supérieurs n’est pas l’évolution la moins surprenante de nos démocraties. Mathieu Bock-Côté retrace le processus qui a conduit à cette vision oligarchique d’un genre inédit.

Le multiculturalisme de fait de nos sociétés est inévitablement la source de conflits de normes. Il met aux prises la valeur de tolérance et l’impératif de préservation de l’espace commun. Constantin Languille dégage l’enjeu de cette confrontation à propos de la récente loi sur la burqa.

La controverse sur l’électronucléaire ne date pas d’hier mais elle n’a guère pour autant avancé sur le fond, faute d’une clarification suffisante de ses termes. Paul Aïm s’efforce de cerner ce qui pose spécifiquement problème dans cette industrie hors norme.

Petite question au regard de ces grands dilemmes, notre civilisation tertiaire des assis n’en représente pas moins une troublante mutation de la condition humaine, comme le souligne Pierre-Henri d’Argenson. Elle mérite que l’on s’interroge sur ses conséquences.

La fiabilité des données invoquées dans le débat public est une condition essentielle d’un bon fonctionnement démocratique. Elle confère une responsabilité considérable aux experts et aux chercheurs qui les établissent. Or ceux-ci laissent trop souvent leurs engagements militants prendre le pas sur la rigueur scientifique. Jean-Michel Chaumont en décortique un exemple particulièrement frappant.