Présentation

Nous poursuivons avec cette série de coups de sonde le tour du monde permanent qu’exige notre nouveau destin d’êtres mondialisés, si nous ne voulons pas nous contenter de le subir sous le signe des clichés médiatiques qui sont l’une de ses fatalités.

À tout seigneur, tout honneur. Comment ne pas commencer par l’énorme Asie, qui s’impose chaque jour un peu plus comme le centre vital de la mondialisation '

Il y a un « miracle indien ». L’Inde de la misère sans espoir est en train de devenir un géant économique. Mais que recouvre au juste ce décollage spectaculaire ' Surgit Mansingh en replace dans leur contexte les réalités contrastées. L’évolution la plus troublante regarde le système politique. Alors que l’État avait été depuis l’Indépendance le pilier de la construction d’une démocratie exemplaire, ainsi que le souligne Ramachandra Guha, ses dysfonctionnements le font apparaître aujourd’hui comme un frein au développement.

Il y a un « miracle chinois », dont l’expression principale est peut-être à venir. Alors qu’une vision naïve de la division internationale du travail nous présentait la Chine comme spécialisée pour longtemps dans la fourniture de main-d’œuvre à bon marché, sa politique de recherche et d’innovation, montrent Guilhem Fabre et Stéphane Grumbach, la prépare à un « Grand Bond en avant » technologique. Reste la question des changements politiques qui pourraient accompagner cette évolution économique. Thi Minh-Hoang Ngo revient sur le sens de l’idée de liberté dans la tradition chinoise pour interroger les potentialités qu’elle recèle dans la situation actuelle.

Changement de cadre avec la petite et jeune démocratie israélienne. Celle-ci représente un cas de figure singulier en raison de la place que la guerre n’a cessé de tenir dans son existence. Ran Halévi analyse la manière dont s’est négocié cet accommodement entre des données qui vont mal ensemble.

Le Québec avait cessé de faire parler de lui, avec le recul de l’indépendantisme. Un mouvement étudiant coloré suivi d’une victoire électorale du Parti québecois l’ont ramené sur le devant de la scène. Résurgence du souverainisme ' Affaissement, au contraire, soutient Mathieu Bock-Côté, en démontant les apparences de ce sursaut qui n’en est pas un.

Et puis la malheureuse Europe. Elle ne brille guère, vue du reste du monde, comme il est bien connu. Mais c’est pire vue de près, et plus encore vue de l’intérieur. Valérie Bros et Ziad Khoury nous font entrer dans cette boîte noire, dont le spectacle, il faut l’avouer, n’est pas de nature à soulever l’enthousiasme. Puisqu’il paraît que le programme est de faire aimer l’Europe par ses peuples, ne serait-il pas raisonnable de commencer par la rendre moins rébarbative dans son mécanisme quotidien '