Présentation |
La crise du journalisme n’est plus à démontrer. Elle est économique, mais aussi morale. La presse écrite classique est gravement menacée et pourrait être carrément condamnée à disparaître, pour des raisons maintenant bien connues. Mais de manière plus générale, c’est la crédibilité de la profession qui est en question, comme en témoigne la piètre image des journalistes auprès du public.
Nous nous sommes régulièrement penchés dans Le Débat sur le devenir d’une profession cruciale pour la vie démocratique. Mais le moment nous a semblé venu d’interroger son avenir, en laissant de côté un instant les motifs de la crise actuelle, pour envisager ce que pourrait être le futur du journalisme, en particulier du point de vue de ce qui était le rôle spécifique, bien ou mal rempli, de la presse écrite.
Nous nous sommes tournés pour ce faire vers quelques personnalités dotées d’une expérience variée dans le domaine pour leur soumettre les questions suivantes, étant bien précisé que ces questions n’avaient de valeur qu’indicative et ne prétendaient à rien d’autre que circonscrire l’objet de la discussion.
1. La presse papier est-elle purement et simplement condamnée à mort ? Ou pensez-vous possible sa survie sur un créneau minoritaire et élitiste, mais en conservant son rôle de référence crucial dans le champ de l’information ?
2. Le basculement de l’écrit sur Internet est-il en mesure d’apporter un substitut efficace au rôle que tenait antérieurement la presse papier ? Compte tenu des caractéristiques techniques et culturelles de l’instrument, ce nouveau journalisme n’est-il pas condamné à l’immédiateté de l’information en continu, au règne du flux, où une information chasse l’autre, au commentaire généralisé autour d’événements sensationnalisés et émotionnalisés ? Quelle place peut-il rester dans ce cadre pour le recul, l’approfondissement et l’analyse ?
3. Qu’est-ce qui dans ce contexte fait et peut faire aujourd’hui la légitimité du journalisme ? Qu’a-t-il à apporter en propre ? À l’heure du « tous journalistes », en quoi peut consister la valeur ajoutée de son travail ? Et pour finir, qui est autorisé à se dire journaliste ?
Nous remercions Laurent Beccaria, Jean-Claude Lescure, Élisabeth Lévy, Patrick de Saint-Exupéry, Anne Sinclair d’avoir bien voulu nous apporter leur réponse.