Présentation

Voici une nouvelle série de coups de sonde au sein de la réalité mouvante de la nébuleuse globale.

Commençons par le plus proche. La crise européenne a confirmé et renforcé la position dominante de l’Allemagne. Le poids du passé lui fait assumer ce leadership avec prudence, si ce n’est à contrecœur. Il n’empêche que la puissance est là et que la défense de ses intérêts commande. Tony Corn analyse la manière dont la volonté morale et le réalisme politique se combinent dans la conduite de ses gouvernants.

Comme il est normal, l’attention s’est concentrée, dans un premier temps, sur l’exceptionnelle ascension économique de la Chine. Mais, à un moment donné, la réussite matérielle se traduit en puissance politique. Nous sommes entrés dans la phase où la Chine cherche à tirer les dividendes stratégiques de son développement ultra-rapide. Jean-Pierre Cabestan interroge les ressorts et les limites de cette affirmation internationale. À l’intérieur, en revanche, l’enrichissement de la société et les aspirations qu’elle encourage ne vont pas sans ébranler les bases du régime. À cet égard, montre Thi Minh-Hoang Ngo dans un parallèle inattendu, la situation actuelle de la Chine ressemble étrangement à la crise de l’Ancien Régime français telle que l’analyse Tocqueville.

Le décollage de l’Amérique du Sud mérite d’être regardé sous l’angle politique, fait ressortir Peter Crisell. Il s’effectue, en effet, sur fond d’une émancipation vis-à-vis de l’orthodoxie néo-libérale qui règne en Amérique du Nord.

L’Iran défraye la chronique depuis la révolution islamique de 1979 sans que l’on soit bien parvenu à cerner le principe de ce régime hors norme. Mahnaz Shirali s’efforce de percer le secret du khomeynisme qui en constitue l’âme.

Nous joignons au dossier deux notes d’actualité. Didier Combeau avait examiné, dans un précédent article, l’enracinement de la détention d’armes dans la culture politique américaine, en dépit des drames à répétition qu’elle provoque. Il y revient à propos de la récente tuerie de Newtown. L’intervention française au Mali a mis indirectement en lumière la nécessité d’une aide au développement enfin efficace. Olivier Lafourcade et Serge Michailof en définissent les conditions.