Présentation

L’illusion lyrique entretenue longtemps, du moins en France, autour du « couple » franco-allemand n’est plus de mise. La crise européenne et les tensions auxquelles elle a donné lieu ont dissipé les faux-semblants. Si le divorce est impossible, l’harmonie est improbable. Il est temps de prendre la mesure des difficultés qui grèvent ce que nos alliés allemands appellent plus sobrement un « partenariat ». C’est à cette réflexion indispensable que s’attellent les articles réunis ici.

Au-delà des différences d’appréciation circonstancielles et des divergences d’intérêt ponctuelles, la difficulté majeure est l’incompréhension mutuelle, telle qu’elle s’enracine dans des cultures politiques fortement contrastées. Luuk van Middelaar procède à un premier repérage de ces oppositions qui jouent comme autant d’écrans. Johann Chapoutot éclaire leurs soubassements historiques.

La réconciliation n’a pas été un vain mot. Allemands et Français ont appris à se connaître depuis 1945. Les échanges entre les deux sociétés se sont multipliés. Et, cependant, la distance reste considérable, montre Luc Rosenzweig. La familiarité n’est pas au rendez-vous. Les soubresauts de l’actualité l’illustrent à l’envi. Philippe Ricard en retrace la chronique.

Parmi les facteurs qui ont amplifié l’écart, la réunification de l’Allemagne et le renforcement de son poids économique en Europe tiennent naturellement la première place. Anne-Marie Le Gloannec analyse les réalités et les limites de cette puissance nouvelle.

Dans tous les cas, c’est à cette relation et aux formes qu’elle prendra qu’est suspendu l’avenir de l’Europe. Herfried Münkler examine les scénarios possibles.