Inévitablement, de par l’ombre nazie, l’Allemagne entretient un rapport à part, unique dans l’histoire, sans doute, avec son passé. Nous avons eu maintes occasions de l’évoquer dans Le Débat. L’émotion suscitée à l’automne 2006 par les révélations de Günter Grass sur son passage dans la Waffen-S.S. a fait revivre une fois de plus les fantômes de ce « passé qui ne veut pas passer ». Elle a montré, en même temps, les inflexions de cette mémoire omniprésente. Thomas Serrier analyse, au travers de ce révélateur, la complexité des cheminements individuels et collectifs de ce travail du souvenir.
Ce poids du passé n’empêche pas l’Allemagne de continuer à changer, dans un sens que les Français perçoivent généralement mal, en dépit de leur attachement à un « couple » devenu mythique. C’est ainsi que la Réunification a réveillé de sourdes craintes face à la disproportion des forces. En réalité, soutient Emmanuel Devaud, l’évolution tend vers un rééquilibrage dans la durée. Éclairant le chiasme des situations des deux pays, il montre comment la perpétuation des dissemblances des cultures pourrait aller de pair avec la parité démographique et économique à l’horizon 2050.
Articles du dossier L'Allemagne entre passé et futur
- Thomas Serrier, « Des choses cachées depuis la fondation de l'Allemagne d'après guerre »
- Emmanuel Devaud, « Chiasme dans la vieille Europe »