Dossier : Ce que fut le XXe siècle


On aurait pu s’attendre, avec le changement de siècle et de millénaire, à une multiplication des bilans non seulement politiques et sociaux, mais aussi intellectuels. Or, ils ont été remarquablement rares ou discrets.

C’est, sans doute, que la tâche est difficile, mais c’est également que nous sommes dans un moment qui n’y pousse pas. Elle est pourtant indispensable pour mesurer l’écart qui nous sépare de ce siècle qui se voulut celui des ruptures.

Les deux articles qu’on trouvera ici en témoignent. Ils inaugurent une série que nous comptons poursuivre dans la durée. La méthode du coup de sonde répété et multiplié nous a paru préférable au tableau d’ensemble à la fois trop systématique et toujours incomplet.

Nous l’a-t-on assez répété, comme le xixe siècle avait été le «siècle de l’histoire Â», il appartenait au xxe d’être le «siècle du langage Â». Cela ne devait pas s’arrêter à la science, mais concerner tout autant l’art. La littérature avait à se mettre à l’école de son support langagier. Thomas Pavel revient sur cette grande ambition. Il la réinscrit dans l’histoire, il en analyse les apports et les illusions, et il en fait ressortir l’actuelle retombée. Le fameux « tournant linguistique Â» paraît bel et bien derrière nous.

Le xxe siècle n’a pas inventé la science, mais il lui a donné des dimensions sociales sans précédent. Il lui a aussi emprunté, montre Gérard Jorland, un modèle d’expérimentation sur la société et sur l’homme qui constitue son héritage le plus discutable. De ce point de vue, si nous sommes plus que jamais dans une société de la science, nous sommes certainement sortis d’un certain âge de la science et de ses leçons à l’usage de la société.

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