Dossier : Chantiers de la société française


Le problème français peut se résumer comme suit : alors que l’économie et les entreprises ont opéré leur mue et tirent au total fort bien leur épingle du jeu dans la mondialisation, les institutions publiques restent désespérément à la traîne et en porte à faux par rapport aux exigences de la nouvelle période. Justice, enseignement, assistance : on peut les passer en revue, il n’en est pas une qui fonctionne de manière satisfaisante. Non seulement elles possèdent de puissantes capacités de résistance au changement, mais les réformes qui ont tenté de les faire évoluer se sont régulièrement révélées contre-productives. C’est que les recettes qui marchent dans le domaine de l’efficacité économique sont inopérantes lorsqu’il s’agit de produire cette chose subtile qu’est le bien public. Il y faut l’intime connaissance d’une tradition sédimentée et de l’hétérogénéité des impératifs qu’il s’agit de concilier. En voici deux premiers exemples.

Le problème de l’Université française va bien au-delà des maux répertoriés que sont le refus de la sélection et la paupérisation. À supposer ceux-ci réglés, le problème demeurerait entier par rapport aux exigences du marché mondial de la connaissance. Il est celui des critères d’excellence qu’elle a été amenée à développer et qui l’écartent de la norme aujourd’hui en vigueur. Daniel Gouadain reconstitue la genèse de ce système et met en lumière les effets, devenus des obstacles, qui en résultent.

L’hôpital public offre le cas d’école de ces institutions qui ne cessent d’être réformées sans que leur rendement s’améliore. Les dernières mesures annoncées ne risquent pas de faillir à la règle, montre Robert Holcman. Elles méconnaissent les conditions qui permettraient d’accorder la qualité médicale, la question de la complexité des corporations en présence et la rigueur financière.

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