Que veut dire aujourd’hui, en pratique, enseigner la langue et la littérature? Où se situent les difficultés? Quels sont les véritables problèmes? C’est évidemment aux praticiens qu’il faut le demander. En contrepoint de l’examen des instruments officiels, il fallait donner la parole aux professeurs de lettres et à leur expérience.
Ériger «la maîtrise de la langue française» en objectif est-elle la bonne manière de poser le problème? s’interroge Hélène Merlin-Kajman. Quels sont les outils intellectuels pertinents face aux élèves actuels? Christine Bénévent relate son cheminement de jeune enseignante. Où vont les intérêts des étudiants en littérature d’aujourd’hui? Antoine Compagnon livre des résultats de son enquête.
Mais surtout, quel est l’enjeu de l’enseignement de la littérature dans la situation présente? N’est-ce pas, pour finir, le problème des problèmes? Nous avons tenu à le poser de front, en soumettant un questionnaire dont on trouvera le texte plus loin (page 000) à des enseignants de la nouvelle génération. Nous remercions vivement Sandrine Berthelot, Stephan Ferrari, Sophie Labatut et Gilles Philippe d’avoir accepté de nous répondre.
C’est à la même question que répondent à leur façon Pierre Bergounioux, François Taillandier et Dominique Noguez, en romanciers qui savent ce qu’enseigner veut dire.
Articles du dossier Enseignement
Dans ce numero
- Hélène Merlin-Kajman, « Combien de mots ? »
- Christine Bénévent, « Leçons d'incertitude »
- Antoine Compagnon, « Plaidoyer pour la lecture étudiante »
- Sandrine Berthelot, « Les lecteurs de demain »
- Stephan Ferrari, « Un contre-pouvoir »
- Sophie Labatut, « Le texte »
- Gilles Philippe, « La langue littéraire et l'enseignement du français »
- Pierre Bergounioux, « De la littérature à la marchandise »
- François Taillandier, « Le temps, la différence et la loi »
- Dominique Noguez, « Pourquoi il ne faut surtout plus enseigner la littérature »
Voici le texte que nous avons soumis aux auteurs :
La littérature ne se contente pas de fournir des modèles du bien-dire, elle enseigne l’humanité, c’est ce qui la rend indispensable : tel a été jusqu’il y a peu le credo de générations d’enseignants et la foi de l’institution scolaire. Force est de constater que la conviction est ébranlée, même si elle conserve d’ardents défenseurs.
La littérature apprend-elle efficacement à s’exprimer ? Est-elle cette école irremplaçable des caractères, des sentiments et de la richesse du monde dont aucune éducation digne de ce nom ne saurait se passer ? Il est manifeste que le doute s’est insinué sur les deux points et qu’on ne sait plus très bien à quoi peut servir la littérature.
N’est-ce pas ce qu’il faut redéfinir au préalable avant toute refonte des programmes et des méthodes ? Au-delà de l’accord trompeur sur des formules convenues, qu’est-ce qui vous paraît aujourd’hui justifier l’enseignement de la littérature, et de laquelle ? Qu’est-ce qu’apprend réellement la littérature ? Quelles conclusions en tireriez-vous éventuellement sur les manières de l’enseigner ?
Le Débat.
Articles du dossier Enseignement
Dans ce numero