Le rejet du Traité constitutionnel européen par 55 % des électeurs, lors du référendum du 29 mai 2005, a été un choc pour la société politique française, le mot n’est pas trop fort. Comme toutes les secousses inattendues de ce type, il a fait apparaître le pays sous un jour qu’on ne connaissait pas. Aussi l’événement mérite-t-il une auscultation particulièrement attentive.
Où passent, au juste, les divisions dont l’Europe a été l’occasion ? Quelles sont leurs sources ? Marcel Gauchet et René Rémond croisent leurs éclairages. Hubert Védrine prend le problème sous un autre angle en demandant : quelle est l’Europe qui a été rejetée ? Question déterminante pour la suite, puisqu’elle permet de parler de l’Europe qui reste possible.
Stéphane Rozès revient sur la chronologie de la campagne et sur sa dynamique. Il met en lumière le tournant qu’a représenté l’irruption de la directive Bolkenstein dans le débat et les malentendus entre gouvernants et gouvernés qui ont commandé l’issue du scrutin.
Jean-Pierre Le Goff et Frédéric Lazorthes scrutent le malaise qui s’est exprimé au travers du vote et les attentes qui ont guidé les citoyens, à l’écart des sentiers balisés par leurs dirigeants de toute obédience.
Paul Thibaud, enfin, reprend à nouveaux frais la question de l’Europe elle-même. Quelle est l’Europe souhaitable ? Et si le choc du 29 mai devait se révéler, pour finir, le point de départ d’une réflexion renouvelée sur l’Europe à faire ?
Nous joignons au dossier les réflexions inspirées à Denis Olivennes par l’état de la gauche, au sortir de l’épreuve référendaire.
Articles du dossier La France et le choc du 29 mai
- Marcel Gauchet, René Rémond, « Comment l'Europe divise la France »
- Hubert Védrine, « Pour l'Europe : repartir du réel. Entretien »
- Stéphane Rozès, « La renationalisation du débat européen »
- Jean-Pierre Le Goff, « Le malaise français dans le miroir de l'Europe »
- Frédéric Lazorthes, « L'attente confuse d'un pays en mal d'avenir »
- Paul Thibaud, « Europe manquée, Europe à faire »
- Denis Olivennes, « Les deux gauches »