Historiens et romanciers ont en commun d’utiliser le récit. Mais ils n’en font pas le même usage, parce qu’ils ne poursuivent pas les mêmes buts.
Pierre Nora remet en perspective les termes de cette délimitation. Mona Ozouf analyse les différences, à partir d’exemples classiques.
La distinction est importante à rappeler, dans un temps où la fiction, qu’elle soit littéraire ou cinématographique, tend à envahir littéralement le champ historique, comme le fait ressortir Antony Beevor. Un mélange qui ne va pas sans de gros dangers.
Cette situation de concurrence, quoi qu’il en soit, met en lumière la fragilité du métier d’historien, souligne Patrick Boucheron. Il voit néanmoins un avantage dans cette modestie obligée.
Il est de fortes raisons qui poussent les historiens vers l’emploi de la littérature, montre Alain Corbin. C’est un front inédit de la curiosité qui se dessine entre les limites des sources habituelles et le souci d’accéder à l’existence intime des individus du passé.
Parmi les motifs qui portent le problème au premier plan, il ne faut pas oublier le motif institutionnel, plaide Antoine Compagnon. Le brouillage de la définition des disciplines n’y est pas pour rien.
Articles du dossier Historiens et romanciers
- Pierre Nora, « Histoire et roman : où passent les frontières? »
- Mona Ozouf, « Récit des romanciers, récit des historiens »
- Antony Beevor, « La fiction et les faits »
- Patrick Boucheron, « On nomme littérature la fragilité de l'histoire »
- Alain Corbin, « Les historiens et la fiction »
- Antoine Compagnon, « Histoire et littérature, symptôme de la crise des disciplines »