n° 139, 2006/2
Nous avions publié en 1987 une table ronde intitulée « Changement intellectuel ou changement des intellectuels? » qui interrogeait les déplacements considérables déjà intervenus à cette date par rapport à la figure classique de l’intellectuel qui s’était fixée dans le moment sartrien, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
Depuis lors, le mouvement s’est encore amplifié. En 1987, la question des rapports entre intellectuels et médias était brûlante, en tout cas centrale. Vingt ans après ou presque, elle paraît largement éteinte. Une sorte de divorce à l’amiable semble avoir mis fin au ménage conflictuel.
Nous avons voulu faire le point, avec quelques-uns des observateurs les plus qualifiés du domaine, en leur soumettant les questions suivantes:
Êtes-vous d’accord avec le diagnostic formulé plus haut? Si oui, comment analysez-vous le parcours qui a conduit à cette indifférence réciproque des intellectuels et des médias? Et, sinon, dans quels termes comprenez-vous l’état actuel des rapports entre intellectuels et médias?
Ce qu’on voit bien, rétrospectivement, c’est le trouble de la vie intellectuelle qu’a représenté l’irruption brutale des médias et, en particulier, de la télévision, au cours des années 1970. Elle a engendré une figure spécifique de l’intellectuel, « l’intellectuel médiatique », comme on a fini par l’appeler, autour duquel se sont cristallisées les passions. Avec le recul, comment caractériseriez-vous cette figure? Vous paraît-elle homogène ou vous semble-t-elle présenter différents types? Aura-t-elle la marque d’une génération, destinée à s’effacer avec elle, ou bien vous paraît-elle appelée à se perpétuer?
Quel est, pour finir, le véritable impact, s’il y en a un, de la sphère médiatique sur la production intellectuelle? Va-t-elle au-delà , fait-elle plus que susciter des livres purement et simplement destinés à la consommation des médias?
Articles du dossier Intellectuels et médias