Parmi les phénomènes qui rendent la mondialisation particulièrement sensible aux Français, il y a en a un qui n’a rien d’économique, mais dont les effets n’en sont pas moins importants, qui est le recul du rayonnement de leur langue. Force est de constater, à l’heure de l’universalisation des échanges, que l’époque de « l’universalité de la langue française » est chaque jour plus loin derrière nous.
Qu’en est-il, au juste, de ce déclin ? Quelles sont ses dimensions réelles ? Est-il aussi irrémédiable qu’on le dit ? À y regarder de près, plaide Gabriel de Broglie, une analyse nuancée s’impose au lieu et place des fantasmes catastrophistes. Le français conserve des atouts significatifs; il n’a peut-être pas dit son dernier mot.
Mais les Français d’aujourd’hui tiennent-ils autant à leur langue que la tradition le leur attribuait ? Est-elle toujours au cœur de leur identité collective ? Quelle image s’en font-ils ? demande Antoine Compagnon. Il montre combien celle-ci s’est transformée.
C’est précisément la conscience de ce changement, suggère Claude Hagège, qui nourrit le sentiment de la chute. Au-delà des données objectives, le problème du français est d’hériter d’un grand passé auquel aucun présent ne peut se comparer.
Encore une réflexion sur la situation générale des langues dans la mondialisation est-elle indispensable. Une chose est l’usage mondial d’une langue, fait valoir Heinz Wismann, autre chose est sa vitalité en tant que langue de culture.
Le français recule en tant que langue de service. La question reste ouverte de savoir quelles sont ses chances en tant que langue de culture.
Articles du dossier La langue française dans la mondialisation
- Gabriel de Broglie, « Les chances du français »
- Antoine Compagnon, « Langue française et langage du cÅ“ur »
- Claude Hagège, « Le français entre déclin et sursaut »
- Heinz Wismann, « Langues de culture et langues de service. Entretien »