Une nouvelle planète est en train de se dessiner sous nos yeux à grande vitesse. La spectaculaire ascension de la Chine et de l’Inde, le basculement des États-Unis vers la zone Pacifique occupent naturellement le centre de l’attention. Mais le phénomène est général. Il n’est pas une partie du monde qui ne soit emportée dans un puissant travail de redéfinition, entre les pesanteurs de son passé et l’ouverture sur les autres. En voici trois échantillons.
Du Moyen-Orient, l’actualité ne retient guère que les péripéties de l’inextricable imbroglio en lequel il semble bloqué. Il est vrai que les déchirures de l’histoire sont ici plus intenses qu’ailleurs, à tel point qu’on peine à les déchiffrer. Henry Laurens en dresse le tableau. Derrière ces lignes de fracture, montre-t-il, les forces de changement sont à l’œuvre.
Le poids de l’histoire n’est nulle part plus sensible que dans l’espace russe. L’héritage de l’autocratie colore invinciblement les timides premiers pas de la démocratie. Perry Anderson scrute les modalités de cet alliage de l’ancien et du nouveau dans le système Poutine. Mais rien ne serait plus faux que d’imaginer une société qui pourrait s’accommoder de l’immobilité, tant le défi lancé à son identité est immense, comme le fait ressortir Alexandre Arkhangelski.
L’Amérique latine paraît cette fois bien partie pour la démocratie. Alain Rouquié fait le point sur le chemin parcouru en deux décennies. Non que les démons du passé aient disparu par enchantement. Populisme et caudillisme sont toujours là . Mais même eux fonctionnent au service du nouveau cours, montre Fernando Molina à propos de la Bolivie d’Evo Morales.
Articles du dossier Mondes en mouvement
- « Moyen-Orient : l'engrenage des méprises »
- Alexandre Arkhangelski, « Entre géographie et histoire, la Russie du xxie siècle »
- Perry Anderson, « La Russie de Poutine ou la démocratie à l'ombre de l'autocratie »
- Fernando Molina, « Sept thèses sur le gouvernement d'Evo Morales »
- « La nouvelle Amérique latine »