« Plus rien ne sera comme avant » : il se peut que ce sentiment se révèle faux, avec le recul de quelques semaines ou de quelques mois, mais nous l’avons tous partagé, tant le choc a été profond. Tous, nous avons eu l’impression, sous le coup du « mégaterrorisme », d’un retour brutal de la grande histoire qui périmait nos préoccupations habituelles du temps de paix et ne laissait plus guère de place au temps de la réflexion.
Ce sentiment, nous ne pouvions pas ne pas en tenir compte dans le travail du Débat. Il est entendu qu’une revue ne vit pas au rythme des quotidiens ou des hebdomadaires. Personne n’attend d’elle la couverture des événements ou leur commentaire à chaud. Il reste qu’un organe qui se veut en prise sur l’histoire en train de se faire et se donne pour fin de contribuer à l’intelligence du temps présent, comme c’est le cas du Débat, ne peut pas ne pas répondre, à sa façon, aux appels de l’actualité.
Il se doit d’affronter les questions que l’événement a fait surgir et avec lesquelles, quoi qu’il arrive, la réflexion va désormais devoir vivre. Cela sans rien renier de ses exigences et dans les limites de ses moyens. Car la revue, ce n’est pas seulement l’écriture méditée et la réaction à distance, c’est aussi un système de fabrication qui s’apparente à celui du livre, avec ce que cela implique de délais.
C’est dans cet esprit que nous publions à la fin du numéro de premières réflexions sur les changements de la donne stratégique mondiale. Elles sont dues à un observateur anglais, et on appréciera qu’elles aient été écrites aussitôt après le drame. Nous y joignons un essai d’inventaire des problèmes que l’irruption de l’imprévu nous paraît avoir soudain mis à l’ordre du jour. Il n’a d’autre ambition, est-il besoin de le dire, que de dresser un point provisoire et de dessiner un programme de travail.
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