Le sort de la Russie d’après le communisme ne cesse de nous déconcerter. La façon dont s’était opérée la désagrégation d’un régime qui paraissait avoir l’éternité pour lui avait été une première énigme. La main-basse maffieuse sur les richesses du pays, sous couvert de libéralisation, à l’époque d’Eltsine, a représenté une surprise de plus. Nous voici maintenant confrontés, treize ans après la disparition de l’urss et l’instauration théorique de la démocratie, à une autre évolution qui ne laisse pas d’étonner : le ralliement consensuel à une autocratie élective. Comment comprendre ce parcours déroutant et qu’en attendre ? Les Européens se fourvoieraient gravement en se désintéressant de ces questions, comme la tentation les en guette. Même si la superpuissance d’hier ne fait plus peur, elle reste une puissance déterminante pour l’avenir du continent. Ce sont quelques aspects de ce mystère russe que les articles réunis ici s’emploient à sonder.
Kirill Privalov revient sur la situation politique et sur les ressorts de cette démocratie autoritaire qui semble avoir la faveur de la grande majorité du peuple russe. Anatoli Vichnevski présente les données du désastre démographique auquel le pays est en proie.
Occidentalisation ou voie spécifiquement russe ? La controverse fait rage, à l’intérieur des cercles dirigeants et de l’élite intellectuelle, sur le positionnement à adopter face au monde global. Vladislav L. Inozemtsev et Viatcheslav Nikonov analysent chacun à leur façon les termes de ce débat et dénoncent les tentations d’une voie à part pour la Russie qui ne ferait qu’alourdir le fardeau du passé.
Articles du dossier Où va la Russie de Poutine ?
- Kirill Privalov, « La recette russe : la démocratie autoritaire »
- Anatoli Vichnevski, « Une superpuissance sous-peuplée »
- Vladislav L. Inozemtsev, « L'aigle à deux têtes dans le monde unipolaire »
- Viatcheslav Nikonov, « La tentation d'un Occident non occidental »