Dossier : Quelle libération des enfants ?


Deux siècles après la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, en 1789, l’année 1989 a vu l’adoption d’une Déclaration des droits de l’enfant à vocation universelle. La seconde ne constitue-t-elle que le complément logique de la première, destiné à acquérir la même valeur normative avec le temps ? Ou bien ne représente-t-elle qu’une extrapolation plus formelle que substantielle, condamnée à rester suspendue dans l’air de l’idéal par les difficultés qu’elle soulève ? Car la similitude de l’enfant, qui demande de le regarder comme un être de droit, n’empêche pas sa différence de fait, qui rend problématique l’exercice de ses droits.

Ce sont ces questions qu’Alain Renaut a entrepris de traiter dans un livre important, La Libération des enfants. Contribution philosophique à une histoire de l’enfance (Paris, Bayard, 2002), qui nous a paru mériter une discussion approfondie. L’ouvrage réexamine d’abord l’histoire de l’enfance dans l’Occident moderne, jadis illustrée par Philippe Ariès. À l’opposé des thèses de celui-ci, Alain Renaut fait ressortir le travail d’émancipation accompli par la pensée moderne. L’ouvrage s’interroge ensuite sur le statut à donner à ces droits que la dynamique de l’égalité pousse à reconnaître aux enfants. Il montre les impasses d’une interprétation étroitement juridique et plaide pour un recours à l’éthique. Bien loin d’une dispute abstraite de principes, on est ici au cœur des problèmes que les sociétés contemporaines rencontrent au quotidien dans le domaine de la famille, de l’éducation ou de la répression pénale des mineurs. Toutes questions souvent abordées dans les colonnes du Débat et que le livre d’Alain Renaut permet de reprendre au fond.

Nous remercions Marie-Claude Blais, Philippe de Lara, Georges Vigarello et Dominique Youf d’avoir bien voulu nous confier leurs points de vue et Alain Renaut de s’être prêté à cet échange contradictoire.

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