DOSSIER : Israël, Palestine : le poids des représentations

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Le conflit israélo-palestinien ne doit pas à la seule complexité des réalités sur lesquelles il se greffe d’être aussi inextricable. Il s’y ajoute le rôle des images que s’en font les différents partenaires qu’il mobilise, ses acteurs, mais aussi les puissances extérieures qui pourraient y jouer un rôle pacificateur, les États-Unis et l’Europe au premier chef. En voici quelques échantillons probants.

À première vue, Israéliens et Européens ont tout pour s’entendre. Ils ont en commun la même mémoire traumatique de la Shoah et la même résolution d’en prévenir le retour, devenue le premier article de la conscience européenne après avoir donné ses fondements à la conscience nationale israélienne. Mais, en réalité, fait ressortir Diana Pinto, ils tirent des conclusions divergentes de ce « plus jamais ça » qu’ils partagent. Il les sépare plus qu’il ne les unit.

Il n’y a pas que les Européens. Les États-Unis, seule puissance à même d’imposer un règlement du conflit, sont eux aussi guidés dans la lecture qu’ils en font par un imaginaire qui leur en cache les termes réels. John Rogove met en lumière la façon dont l’héritage du biblisme puritain détermine une identification inconditionnelle à Israël peu propice à l’exercice du rôle de conciliateur.

Le récent arraisonnement meurtrier d’un bateau turc au large de Gaza est venu encore le rappeler, après l’émotion internationale suscitée par l’opération « Plomb durci » : l’armée israélienne fait montre d’une cécité récurrente à l’égard des problèmes particuliers posés par l’implication des civils dans ce qu’il est désormais convenu d’appeler les « conflits asymétriques ». Une cécité qui en devient étonnante à force de persistance. Samy Cohen en éclaire les sources, en montrant comment cet aveuglement s’enracine dans les visions de la guerre forgées à l’origine de l’État d’Israël. Comme quoi les représentations peuvent primer sur la réalité et, de ce fait, la déterminer.

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