Le marasme français se nourrit du discrédit, voire de la désespérance à l’égard de la politique. De quoi sont-ils faits au juste ? Comment y remédier ? Interrogations urgentes auxquelles le présent dossier propose quelques éléments de réponse.

Jacques Julliard relie ce rejet à l’usure du métier politique en revenant sur la critique de la « politique professionnelle » qu’il avait développée jadis. Gilles Finchelstein en analyse les données au plus près des évolutions de l’opinion et des attentes exprimées par le public.

Quelles solutions envisager ? Michel Guénaire expose, dans la perspective de l’élection présidentielle de 2017, une série de réformes qui seraient de nature à revitaliser le fonctionnement de la démocratie. Mais le déblocage du système politique ne demande-t-il pas d’aller plus loin encore en imaginant des procédures originales afin de renouveler le personnel gouvernant ? C’est le sens de la proposition d’une « primaire ouverte » qui permettrait l’émergence de candidats de la société civile.

Dans un pays amateur de Constitutions comme la France, la crise politique conduit inévitablement à la remise en chantier des institutions. La VI^e République est à l’ordre du jour. C’est l’occasion d’envisager le problème sous un angle inhabituel, celui de l’insertion du système politique dans la tradition nationale. Serge Berstein, Jean Garrigues, Jean-Noël Jeanneney apportent leur éclairage d’historiens.

Le malaise politique est entretenu par le sentiment de l’impuissance des gouvernements face aux problèmes pressants qui assaillent le pays. Encore faut-il commencer par les poser correctement au lieu de les minimiser ou de les éviter. Ainsi de l’affaissement de l’industrie française, dont René Iffly montre l’étendue de la riposte qu’il appelle. Ainsi de la déshérence de pans entiers du système éducatif, dont le témoignage de Maira Jacaranda fait ressortir le défi qu’il représente.

Ces frustrations multiples alimentent des mouvements populistes dont la force électorale ne cesse de grandir. Jean-Yves Camus fait le point sur les différents visages que le phénomène prend en Europe. François Hauter scrute le cas singulier de l’udc suisse. Mais la vague ne concerne pas seulement l’Europe. Elle atteint aussi les États-Unis. L’hostilité qu’a suscitée la loi d’assurancesanté défendue par l’administration Obama en est un bon révélateur, comme le montre Sylvie Laurent.

Parmi les facteurs de décrédibilisation du discours politique, le recours aux chiffres et à leur fausse précision est un piège particulièrement subtil. Antoine Houlou en démonte le mécanisme.