Décentrement radical par rapport à nos habitudes de pensée, la masse asiatique devient chaque jour davantage le cœur de notre monde globalisé. Il nous faut apprendre à compter avec ces sociétés tiraillées entre leurs traditions et leur modernisation rapide, entre leur trajectoire propre et les impératifs d’un ordre global dont elles sont devenues des protagonistes de plein exercice. En voici trois cas de figure.

L’Inde faisait parler d’elle, il n’y a pas si longtemps, pour sa stagnation désespérante. Ce sont les performances de son économie émergente qui tiennent aujourd’hui la vedette. Il n’empêche que le poids du passé est toujours là, comme le rappelle Arundhati Roy en mettant en lumière l’empreinte cruelle du système des castes.

Jusqu’à quel point un parti communiste peut-il conduire un développement capitaliste accéléré ? C’est la question qui hante tous les acteurs et tous les observateurs à propos de la Chine. Dominique de Rambures s’emploie à cerner les contours de cette énigme. Emmanuel Dubois de Prisque analyse les tensions entre la base et le sommet qui accompagnent cette situation singulière, tensions dont la percée du christianisme n’est pas l’expression la moins surprenante.

Parmi les difficultés de la modernisation chinoise, la construction d’un système juridique efficace tient une place importante. La Chine a traditionnellement, en effet, emprunté une voie très différente de celle de l’Occident sur ce terrain. Léon Vandermeersch dégage l’esprit et les conséquences de cette préférence pour le rite par rapport à la règle. Nouvelle venue dans la cour des grands, l’Indonésie fait face à d’immenses défis. Barthélémy Courmont en dresse le bilan et interroge les perspectives d’évolution politique du pays à un tournant de son histoire.

Mais l’Asie est aussi pour les Occidentaux le continent d’une spiritualité qui fascine. La vogue du bouddhisme en est la manifestation la plus notoire. Elle ne va pas sans de sérieux contresens. Marion Dapsance pointe l’un des plus flagrants d’entre eux.